Le ministre de l’Economie a signé mercredi 5 avril une convention de crédit avec la Chine pour la réalisation du projet d’extension du port en eau profonde de la cité balnéaire.
Voilà un crédit qui arrive à bon port. Le ministre de l’Economie, Louis Paul Motaze, a signé mercredi 5 avril à Yaoundé une convention de crédit avec Eximbank China, représentée par l’ambassadeur de Chine au Cameroun, Wei Wenhua. C’est un financement d’un montant total de près de 415 milliards de FCFA octroyé pour la réalisation de la phase II du port en eau profonde de Kribi. Il s’agit en réalité de deux conventions.
La première, de plus de 326 milliards FCFA, est un accord de prêt préférentiel crédit-acheteur. En clair, Eximbank s’engage à payer les prestations de l’entreprise de construction China Highway Engineering Company (CHEC), qui a travaillé avec les autorités camerounaise à l’obtention du prêt chinois. Ce procédé exclut donc le lancement d’un appel d’offres et attribue d’office le marché au constructeur chinois. Le second, de plus de 89 milliards de FCFA, est un accord de prêt concessionnel, c’està- dire avec un taux d’intérêt relativement faible. Il sera de 2% l’an pendant 20 ans avec une période de grâce de sept ans. Il a fallu à la partie chinoise deux ans pour marquer son accord, car la lettre de demande de crédit lui avait été envoyée en mars 2015.
Pour boucler le financement des travaux d’extension envisagés, Louis Paul Motaze a annoncé que les fonds de contrepartie s’élèvent à « environ 68,5 milliards de francs CFA, correspondant à 15% du cout total du financement dudit projet et pris en charge par le concessionnaire du terminal à conteneurs dans le cadre d’un contrat de partenariat ». Sauf changement de dernière minute, ce concessionnaire est le groupement Bolloré/CMA-CGM/CHEC, désigné depuis le 26 août 2015 adjudicataire du terminal à conteneurs du port autonome de Kribi.
L’avantage de ce montage financier est que l’Etat ne supporte pas les charges de la construction et le remboursement du prêt est assuré par les ressources générées par l’exploitation de l’infrastructure. Selon les informations contenues dans la fiche technique, la phase II de cette infrastructure consistera à réaliser une extension de la digue de 675 m, reconfigurer le chenal d’accès, construire un terminal à conteneurs de 700 m de linéaire de quai dans la perspective de doubler les capacités actuelles de la première phase et fournir les équipements de manutention deux fois plus nombreux que ceux de la phase I dans la perspective d’en accroître la productivité.
L’objectif assigné à cette extension est la mise à disposition « dans un délai de 42 mois des capacités additionnelles devant résorber les trafics prévisionnels, et ainsi, recourir à l’optimisation de la desserte maritime du Cameroun ». La construction du port de Kribi est un exemple d’anticipation stratégique. Même si elle est terminée depuis près de trois ans, la première phase du port de Kribi n’a pas encore été mise en exploitation du fait d’un retard dans la signature des contrats définitifs avec les concessionnaires des terminaux à conteneurs et polyvalents.
Mais dès le lancement, le comité de pilotage de ce projet, présidé par Louis Paul Motaze, indiquait que « les différents tests de sensibilité qui avaient été faits avaient démontré que les structures actuelles du port de Kribi seront saturées à l’horizon 2020 si l’économie du pays continue de croitre au rythme actuel ». L’économie a effectivement crû au même rythme. Conséquence : « La phase II devenait donc incontournable et surtout son achèvement avant 2020 inéluctable afin que la demande additionnelle de trafics vienne trouver une offre conséquente en structures opérationnelles » dixit le ministre de l’Economie.
© LE QUOTIDIEN DE L’ECONOMIE : Parfait N. Siki