Avec un bon nombre de partis politiques dans les rangs, pas une seule plateforme sur le web ou les réseaux sociaux n’échappe désormais au déchaînement contre le régime de Yaoundé avec pour objectif son renversement en 2018.
Pour lever toute équivoque, disons d’entrée de jeu, qu’il n’y a rien à reprocher à un parti politique dans ses efforts à accéder au pouvoir, car telle est sa vocation première. À ceux qui y travaillent effectivement, il faut leur reconnaître le mérite de se donner les moyens d’une ambition. Ce qui fait problème, ce sont toutes ces manœuvres détournées via des raccourcis qui tournent le dos à l’exigence stratégique de quadrillage du terrain électoral. L’année 2018 se profilant à l’horizon, on a vu fleurir depuis quelque temps, une race d’hommes politiques nouveaux, avec des méthodes qui laissent interrogateur quant à leur efficacité. Pendant que chez les autres, les plateformes web et les réseaux sociaux sont des outils venant en ajout à des méthodes de déploiement stratégiques, chez nous on a comme des sortes d’hommes poli- tiques des médias et du web, exclusivement. C’est sur ce seul terrain qu’ils sont présents. C’est là qu’on les voit et qu’on les entend. À s’entêter autant à tourner le dos à l’action qui sensibilise les compatriotes par la proximité, bon nombre parmi eux s’allient à des courants idéologiques et des groupes d’intérêts obscurs dont on ne sait rien, lorsqu’ils n’en sont pas tout simplement les caisses de résonance. Combien de fois n’a-t-on pas vu certains aller quérir soutien et appui en dehors du Cameroun, alors qu’ils n’avaient aucune assise populaire dans l’arrière-pays ? Entre-temps, tous parlent du Cameroun, de l’élection de 2018 et de la vie à venir des Camerounais. Un peu comme si c’est par un coup de baguette magique le moment venu, qu’ils auront droit à l’onction populaire dans les urnes.
Faire feu de tout bois…
Laisser la cocotte bouillir ou la faire exploser ? Pour des partis politiques dits républicains, il ne peut s’agir d’un choix cornélien. Pourtant, au plus fort de la crise anglophone dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les prises de position du Sdf de Fru Ndi et le Cpp de Kah Walla n’ont surpris que ceux qui n’avaient pas compris l’affaire depuis longtemps. Il y a une telle soif de «Biya must go» dans certains de nos partis politiques que sou- vent, au hasard des remous de la vie socio-poli- tique camerounaise, tout est bon à prendre dès que se profile à l’horizon, la possibilité d’un basculement du régime, fusse-t-il brutal et mettant en danger, les fondements même du vivre-ensemble national. Dans ces postures, les cyniques verront un aveu d’impuissance terrible. Depuis belle lurette, on se représente l’échéance de 2018 dans bon nombre de partis politiques comme une échéance décisive. À raison, à plus d’un titre. Seulement, dans cette soif de changement, cette faim d’alternance, on annonce aux Camerounais qu’en 2018, Biya doit partir. Personne alors ne songe aux moyens à mobiliser pour que le «rêve» soit possible.
Pour chacun, son heure est venue ! Les échéances électorales de l’année prochaine ont instauré un climat politique fait de tensions et de surenchère nourries par un certain nombre d’acteurs politiques et assimilés. Dans le lot, il y a ceux qui revendiquent d’être des activistes de la société civile. D’autres par contre, se formulent un destin politique pour demain. Leurs modes opéra- toires ne diffèrent pas tant que cela, car ils se rejoi- gnent. L’argumentaire est le même : le Cameroun est au bord de la dérive et Paul Biya doit partir en 2018. Pire encore certains ont pris le parti d’offi- cier depuis l’étranger où ce qu’on dit du Cameroun là-bas, n’a rien à voir avec la réalité. Sur Facebook, Whatsapp, Twitter, des blogs ou des sites web, on se déchaîne. À coup très souvent de contre-vérités, on fait des «révélations» au monde n’ayant aucun rapport avec la réalité au Cameroun. Modestine Yonzou est une compatriote installée en Suisse qui revendique un amour inégalé pour son pays qu’elle partage avec le monde sur Facebook. En date du 22 avril 2017, elle postait l’image d’un convoi de matériels du BIR capturé on ne sait où. Son commentaire qui l’accompagne affirme tranquillement qu’il s’agit du retour des engins envoyés à Bamenda pour «tuer les anglophones» ! Plus loin, on lit ceci : «Les ambassades du Cameroun sont devenues des institutions tribales voire familiales où on n’entend que la langue des parents de Biya. Pas étonnant puisque 43,6% du personnel diplomatique en poste dans les ambassades sont issus de la famille et de l’ethnie de Paul Biya». 2018 aura sur le plan politique beaucoup d’enjeux. Mais au sortir de l’affaire, on doit espérer que de telles surenchères ne prospèrent plus.
© Source: Signatures, D. Beling-Nkoumba