L’année 2018 constitue l’étape charnière qui confirmera définitivement les capacités d’organisation ou non de la Can 2019 par le Cameroun. C’est un événement qui comptera avec des conséquences dans tous les combats, surtout socio-politiques, qui auront lieu au cours de cette année 2018.
Qu’on le veuille ou non, qu’on ne se l’avoue ou pas, la confirmation de l’organisation effective et définitive de la Can 2019 par le Cameroun ferait du grand bien au régime en place, favorable à la reconduction de son candidat naturel. A contrario, ce ne serait pas politiquement correct dans le bilan du parti au pouvoir. Avec les nouvelles dispositions de la Caf, l’opposition aurait du grain à moudre et pourrait glaner des points supplémentaires dans le contexte actuel et futur. Les Camerounais tiennent à l’organisation de cette compétition, quelles que soient les conditions exigées par la Caf. Non seulement pour son côté sportif et festif, mais aussi pour les retombées qu’elle peut leur apporter dans beaucoup de domaines : infrastructures sportives, routières, sanitaires, hôtelières, sans toutefois oublier les télécommunications, les transports, l’énergie et j’en passe. D’autre part, cette Can permettrait à certains de faire des affaires dans le domaine de la restauration, du tourisme, du transport urbain et interurbain avec tout ce que cela comporte comme rentrées de devises. Sur un tout autre plan, il s’agit de l’honneur du Cameroun qui est en jeu.
Connaissant l’orgueil et la fierté des Camerounais, ils comprendraient mal que leur pays ne puisse réaliser ce que ses voisins, Guinée Equatoriale et Gabon ont pu faire dans un passé très récent et à des échéances très brèves. Un échec du Cameroun influencera sûrement le verdict des urnes. On pourrait ainsi assister à un vote-sanction de la part des déçus d’une non-organisation de la Can. Cette Can que tous attendent depuis 45 ans, que beaucoup ne connaissent qu’à travers la télé. C’est là l’enjeu de cette compétition, qui se joue au lendemain d’une année jalonnée d’élections à tous les niveaux. Elle est devenue par conséquent un enjeu poli- tique et électoral. Les hommes au pouvoir doivent bien assimiler cette équation. Pour eux, l’inauguration des stades de Douala et de Yaoundé par le chef de l’Etat, tout comme les autres infrastructures relevant de cette organisation, dépasse largement le cadre d’une campagne électorale classique et convainc plus que tous les discours politiques. Les réalisations parlant d’elles-mêmes.
Des responsabilités à prendre
Il est donc important que les personnalités concernées par l’organisation de cette compétition prennent entièrement leurs responsabilités et se mettent résolument à l‘œuvre. Tel ne semble pas avoir été le cas jusque-là. Les effets d’annonce de ces derniers jours n’auront d’impact que s’ils sont matérialisés sur les sites. La tâche s’annonce plus ardue avec le passage de 16 à 24 sélections à la phase finale. Mais cela ne doit pas constituer une raison pour se désister. Que le gouvernement qui demande à grand renfort de motions, la réélection de son président, le prouve par des actes forts, par une application stricte de ses instructions et d’une solidarité à toute épreuve.
Les enjeux de cette année 2018 sont très nombreux et aucune faute ne sera permise à quelque camp que ce soit. Alors, ceux qui veulent remporter la victoire finale doivent mettre tous les atouts de leur côté pour placer leur champion en première ligne. Le temps est donc compté, il n’est plus aux discours pompeux, à la rhétorique inutile et vide, aux motions enflammées, mais au concret. Les Camerounais veulent leur Can, avec les stades promis et tous leurs accessoires, l’accès permanent à l’eau et l’électricité, des hôtels dignes de ce nom, des routes et des moyens de transport modernes, des télécommunications de qualité, des hôpitaux avec des plateaux techniques relevés comme l’exige le cahier des charges de la Caf. Tout un programme de campagne en un. Et cela rentrera dans le bilan des uns et des autres au moment des différents scrutins à venir. Cela tombe bien et le Peuple n’attend que cela pour juger le maçon au pied du mur. Le temps des promesses vaseuses est révolu car ça va se jouer cartes sur table.
© Signatures: Linus Pascal Fouda