Nouvelles résolutions de la CAF: Un mal pour un bien

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CAN CAMEROUN 2019/

Les dernières résolutions portant réforme de la Confédération africaine de football (Caf), font plus du bien que du mal au Cameroun. Elles permettent de raviver l’Unité nationale mise à mal depuis Octobre 2016, du fait de la crise anglophone.

L’ère des libertés retrouvées au Cameroun depuis 1990, a consacré la libéralisation de l’audiovisuel autant que la liberté d’expression. De multiples radios et chaines de télévision sont nées. De nombreux organes de presse aussi. Chaque jour et surtout chaque weekend, des Camerounais de tous bords y croisent arguments et contre-arguments. Parfois avec une véhémence inattendue. Ces dernières années, les débats généralement enflammés qui y sont organisés, ont pour thème de pré- dilection : la politique. Dans toutes ses déclinaisons. Aucun aspect n’est de trop. Au gré de leurs humeurs du jour, les intervenants sur les plateaux dénoncent, interpellent, condamnent, calomnient et même incitent à la division. 

L’un des sujets ayant agité les esprits et divisé l’opinion camerounaise ces quinze derniers mois, c’est incontestablement la crise anglophone. Nous n’en sommes pas encore sortis. Les pages de l’histoire du Cameroun ont été revisitées les unes après les autres. Certains de nos aïeux qui ont apposé leurs visas au bas de ces pages ont été bannis. Leurs mémoires travesties. Le drapeau national a été jeté dans les flammes pendant que celui des sécessionnistes flottait au vent à Bamenda dans le Nord-Ouest. Dans cette région comme dans celle du Sud-ouest, le climat des affaires reste jusqu’ici perturbé. Les marchés restent fermés au rythme des mots d’ordre de «ville-morte».Au cours de l’année scolaire 2016-2017, à peine quelques établissements scolaires ont fonctionné normale- ment. De nombreux tribunaux de ces deux régions ont tenu leurs audiences sans la présence des avocats anglophones. L’unité nationale a pris un sérieux coup. Les démons de la division se sont réveillés. De sorte que, la fête du 20 mai a purement et simplement été boycottée par certains concitoyens dans ces deux parties du pays. 

L’union sacrée

Dans un contexte politique aussi difficile, lorsque les 18 et 19 juillet 2017, les «journées africaines du football» tenues à Rabat au Maroc aboutissent à des réformes en profondeur de l’organisation de la Can 2019, réformes que le Cameroun est tout de suite appelé à mettre en application contraire- ment au premier cahier des charges de la Caf, nombreux voient par là un complot contre notre pays. Un complot pouvant porter atteinte à la stabilité légendaire qu’on lui reconnait.

Le football Unité est une religion au Cameroun. Sans exagération aucune, c’est l’unique domaine sur lequel, l’unanimité de ses citoyens reste jusqu’ici intacte. Lorsqu’il s’agit du football chez nous, il n y a plus de nordiste, plus de sudiste, plus d’anglophone, plus de francophone. Il en est ainsi depuis des lustres. Ce ne sont pas les rumeurs d’offres de services émanant de pays près à sortir du bois pour pallier une éventuelle défaillance du Cameroun face à l’organisation de la Can 2019, qui viendraient ébranler une telle fondation. Au contraire, ces rumeurs viennent plutôt la consolider d’avantage. Sans pour autant nier l’évidence. La tâche à abattre pour honorer l’échéance de 2019 (sur- tout dans sa nouvelle formule) est énorme. Avec le passage de 16 à 24 nations qualifiées pour la phase finale de cette compétition, cela exigerait six villes donc automatiquement six stades au lieu de quatre comme initialement prévu dans le premier cahier des charges. Les Camerounais ne peuvent pas accepter l’affront du retrait de l’organisation de cette fête sportive. Les acteurs impliqués dans les travaux de construction des infra- structures y relatives, doivent vraiment mettre du leur.

Les assurances qui viennent du ministère des Sports et du partenaire italien chargé de la mise sur pied du stade d’Olembe par exemple, donnent du baume au cœur. Mais, nous nous connaissons bien. Ce ne sont là que des discours. Nous avons beaucoup plus besoin d’actions aujourd’hui. La gouvernance par les discours a déjà montré ses limites au Cameroun. Des pays plus petits et même plus pauvre que le nôtre ont déjà organisé avec brio la Can. Nous croyons fermement que nos autorités publiques vont tenir à leurs engagements. Elles ne sauraient accepter que notre pays devienne la risée de ses voisins et même de tout le continent. Le peu de leadership qui lui reste au niveau de l’Afrique centrale s’envolerait définitivement. L’union sacrée derrière les pouvoirs publics devient par conséquent un impératif catégorique. Ceux-ci doivent se départir de nos errements habituels. Car, la Coupe d’Afrique des Nations a pris une dimension mondiale telle qu’aujourd’hui, un pays qui l’organise de façon respectable, est aussi bien respecté.

©Source: Signatures, Franklin Lemana Tina

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