Depuis quelques années, l’Extrême-Nord est au cœur de l’actualité au Cameroun en raison des faits liés à son contexte sécuritaire.
Source: L’Oeil du Sahel
Avec les exactions de Boko Haram, la ruée des militaires dans cette partie du Cameroun, la prolifération des organisations onusiennes et non gouvernementales (ONG), la prostitution semble avoir atteint des proportions inquiétantes dans le chef-lieu de la «plus belle des régions».
Alors que certains hommes d’affaires, hauts gradés de l’armée, politiques, responsables d’ONG, en pincent pour les «prostituées de luxe», d’autres préfèrent les jouvencelles. En à peine sept ans, Maroua est ainsi devenu un grand marché du sexe, où les offres aguichantes des belles de nuit font le «bonheur» de «clients» de plus en plus nombreux. Une enquête de la rédaction
DOMAYO. Elles sont de plus en plus nombreuses à y vendre leurs charmes
Le paradis des ado belles de nuit, Par Vladimir Martin
19h43. Au carrefour dit «Vieux manoir» de Domayo, à Maroua., Haouwa, une fille d’à peine 16 ans et aux formes provocantessort furtivement d’un loungou (auberge), faiblement éclairé. A son passage, l’on aperçoit sa poitrine généreuse qui se dessine sous un corsage transparent.
En dessous, un pagne noue sa taille. Discrète, l’adolescente se balade la tête recouverte d’un voile. Elodie, 17 ans et originaire de Guider a également des formes généreuses. Vêtue d’un collant transparent, et d’un décolleté, la jeune fille qui fume sans lance une cigarette et jette les bouffées de fumée près de celle qui s’échappe du fourneau sur lequel fait partie de ces jeunes filles qui font des va et vient dans le but de dénicher de nouveaux clients. «Avant de venir au travail, nous prenons des petites choses pour nous donner du courage, de la force, du tonus. On boit un peu d’alcool. Ça nous aide beaucoup», avoue Adjidja, une autre belle de nuit qui entre à peine dans l’adolescente. Très appréciée ici, Adjidja a la cote auprès des hommes adultes. «Ils viennent pour s’amuser. Déstresser, se faire plaisir. Et ce plaisir, je le leur donne.
Hier peu nombreuses, aujourd’hui les travailleuses du sexe, inondent désormais la région de l’Extrême-Nord. Et Maroua, avec la création de l’université, de l’école normale supérieure (ENS), les grandes écoles, l’arrivée massive des militaires dans la région, la prolifération des organisations non gouvernementales (ONG) en est l’épicentre. «La prostitution s’est enracinée dans les habitudes des femmes. Car malheureusement, tous ces changements y ont contribué», remarque un enseignant à l’université de Maroua.A Domayo, le prix d’une passe oscille entre 1500 et 5000 FCfa quand le client est généreux. «Mais il arrive très souvent que nous soyons victimes des mauvais payeurs. Dès que nous finissons de leur donner du plaisir, au lieu de respecter le contrat initial, soit ils donnent la moitié de ce qui était prévu, soit il frappe sur nous, et s’en vont», confie Hawoua, qui sort du bar, pour rejoindre un autre client. Depuis la soirée, c’est le quatrième qu’elle reçoit. Et il n’est que minuit. La soirée est encore longue…