Assassinat de Martinez ZOGO: Ces ratures de trop de la corporation

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Le Peuple réclame justice au sujet de l'assassinat du journaliste Martinez ZOGO.
TCL TV
Pour les moins discriminateurs, ZOGO était peut-être un journaliste, mais c’en était un mauvais ou un faux. Ainsi donc pour ces « bons journalistes », ils auraient bien pu condamner eux aussi le crime crapuleux par lequel le Chef de chaine d’Amplitude FM a été arraché à la vie, si celui-ci aurait été un journaliste, ou pour les perfectionnistes, un bon.

« Qui doit-on enterrer entier, et qui doit-on d’abord éventrer », s’interroge souvent la sagesse bantoue. La même interrogation s’invite au sujet l’assassinat de Martinez ZOGO qui fait saigner à bout, uniquement certaines plumes, d’autres s’estimant devoir justifier leur compassion par l’appartenance au métier de journaliste, dont ils excluraient le pauvre disparu, autodidacte. Pour les moins discriminateurs, ZOGO était peut-être un journaliste, mais c’en était un mauvais ou un faux. Ainsi donc pour ces « bons journalistes », ils auraient bien pu condamner eux aussi le crime crapuleux par lequel le Chef de chaine d’Amplitude FM a été arraché à la vie, si celui-ci aurait été un journaliste, ou pour les perfectionnistes, un bon. Pourtant les faits sont suffisamment graves.

On est Chef de chaine d’Amplitude FM, on est animateur d’une émission à forte audience qui s’appelle « Embouteillage ». Jusqu’à très récemment encore, l’on était resté indébrouillable. Mais finalement, entre les 17 et 22 janvier derniers, l’on est précocement et férocement entré dans le brouillage de l’oubli et du sommeil éternel. Avec une ignominie immonde, des barbares prédateurs prennent sur eux de verser dans la jungle et d’étrangler l’Etat de Droit.

« Inhumain, inqualifiable et inadmissible »

S’étant rassurés de servir à Martinez ZOGO, un plat fumant, fumeux et funeste qu’un homme normalement constitué ne donnerait pas à un chien errant, encore moins à son pire ennemi. Ces sombres machines à tuer ont sucé à fond leur proie, l’ont bien essoré jusqu’à le vider de tout l’humain et de toute humanité. Cruelle et glaçante était  la macabre découverte du corps sans vie de ce professionnel des médias, martyrisé et en état de décomposition avancée, affalé sur un sol nu, face contre Ciel à Ebogo 3, une localité de SOA, banlieue de Yaoundé. Comme pour bien l’humilier, les sévices n’ont pas suffi. Il fallait encore que l’on ôtât à l’infortuné, toute dignité de l’humanité qu’auraient bien encore rappelée, tout au moins ces vêtements, qui heureusement n’étaient pas jetés loin de ses restes, et grâce auxquels, son épouse a reconnu le corps de celui-là qu’elle n’avait plus vu depuis cinq jours.  Non ! « Ce crime odieux, inqualifiable et inadmissible ne peut se justifier sous aucun prétexte », a rappelé le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement dans un communiqué. Si plusieurs autres hommes de médias interpellaient déjà le Gouvernement sur le danger qui planait sur la tête de ZOGO dès l’annonce de sa disparition et n’étaient donc pas prêts à perdre cet autre confrère dans des conditions qui s’annonçaient enduites de sauvagerie, barbouillées d’extrême cruauté ; ces gardiens d’un autre genre, du temple du journalisme se sont hâtés de proclamer la négation de l’appartenance de ZOGO au métier de journaliste. Comme pour dire que seul importe pour les journalistes, ce qui se passe chez les journalistes. Ou encore que, si vous êtes un mauvais journaliste, n’importe quel « quelque chose de la République » peut vous ôter impunément la vie. Non, c’est inadmissible dans un Etat de Droit !

C’est pourquoi, en condamnant la sale besogne « contre un homme de médias », le Gouvernement de la République va rappeler dans son communiqué que « le Cameroun est un Etat de droit où les libertés sont garanties, y compris la liberté de la presse et où nul ne peut et ne doit se substituer en juridictions compétentes pour se rendre justice ». Tous étant de de la presse, le métier de journaliste est celui de l’animateur. Tous sont garantis par la même loi du 19 décembre 1990 portant sur la communication sociale au Cameroun, ce texte qui définit le journaliste non pas comme celui qui est sorti d’une école, mais comme celui qui exerce dans un organe de presse comme tel. Cette loi soumet à la même éthique et déontologie, tous ceux qui exercent dans les organes de presse, parce que tous font face aux mêmes réalités.

« L’union dans le troupeau fait fuir le Lion »

Dans les métiers de l’information et de la communication, en dehors du journaliste et de l’animateur, il y a d’ailleurs une kyrielle de profils qui sont tous soumis aux mêmes lois et règlements, contrôlés par les mêmes institutions. Lorsque l’un est mis à l’étroit, l’autre devrait se sentir concerné. Pourtant l’adage est clair, quand le toit de ton voisin brule il est sage d’aller éteindre le feu. Pas question donc de tirer sur le corbillard. Martinez ZOGO, animateur, bon ou faux journaliste a été assassiné de la façon la plus brutale et humiliante. C’est le métier qui a été assassiné. Tous les hommes de médias en herbe, reconnus et mêmes ceux en phase d’initiation devraient s’en offusquer. Ne pas le reconnaitre c’est assurément proclamer la rupture d’avec la corporation ; c’est s’assumer en tant que rature, une rature de trop de la profession.  Si elle était un paquet, cette profession devrait être attachée par toutes les mains de la corporation. En Afrique, on sait que « L’union dans le troupeau fait fuir le Lion ».

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